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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 08:48

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Sous couvert de développement durable la France s’est constituée en Guyane des réserves foncières  à travers ses réserves naturelles nationales, le PNR (charte labellisée pour 12 ans par l’Etat 2001/2013) et le PAG, créé par décret en février 2007, car tout comme l’eau,  la terre est devenue dans le système libéral  mondial une matière première capitale que s’arrachent-les pays, les multinationales et les fonds de placement. Dans l’article 3 alinéa 2 du décret susmentionnée il est précisé  qu’il est interdit de  « de porter atteinte, de quelque manière que ce soit, aux animaux non domestiques, aux roches, aux minéraux ou aux fossiles ».  Toutefois dans le même article, plus loin, il est dit : « Il peut être dérogé aux interdictions édictées aux 1° à 6° avec l’autorisation du directeur de l’établissement public, donnée après avis du conseil scientifique. ».  Les dérogations n’ont d’ailleurs pas manqué en faveur des représentants de l’état français (armée, gendarmerie, DEAL, universités etc…) Il suffit d’un simple clic sur le site du PAG pour s’en rendre compte.

  http://www.parc-amazonien-guyane.fr/             

Il aura donc fallu 20 ans (presque jour pour jour après l’envoi du premier chargé de mission de la MCPG – Mission pour la Création du Parc de la Guyane- début 1993) au gouvernement français après le sommet de Rio pour faire aboutir son projet de Parc Amazonien et consolider son existence par tout un  arsenal juridique (loi, décret, décision, arrêté…) mais aussi par la création et le financement de plusieurs associations œuvrant dans le domaine de l’environnement. Associations qui montent au créneau quand cela est nécessaire. Une étape supplémentaire va être atteinte à travers l’adoption définitive d’une charte en cours de consultation publique en Guyane jusqu’au 11 février 2013. Les enjeux du PAG n’ont pas été mesurés et compris par la majorité de la population guyanaise à qui l’état et les nombres d’élus distillaient depuis des années des arguments fallacieux  en termes de développement économique basé sur l’éco-tourisme, de promesse de désenclavement et de promesses de  création d’emplois tout en bloquant d’un autre côté par exemple tout  accès au foncier agricole pour la création de nouveaux abattis rendus nécessaires par la croissance démographique de la Guyane. 

 

Va être bientôt adoptée une charte qui ne reconnait ni  les revendications ni les droits des peuples de la forêt ni ceux du peuple guyanais dans son ensemble. Avec ce parc ce sont  33 900 km2 c'est-à-dire plus du tiers du territoire guyanais qui est accaparé pour les intérêts économiques et politiques de l’Etat français. Ce territoire correspond à peu près au territoire de l’Inini que l’Etat français a toujours tenté de conserver malgré le  passage de la Guyane du statut officiel de colonie à celui hypocrite de département, le décret de 1946 ne spécifiait rien concernant l’Inini. Pourtant un avis du conseil d’état du 9 mars 1948* précisait que « l’existence au sein d’un département d’un territoire ayant la personnalité civile et échappant à la compétence du conseil général » était contraire aux règles applicables désormais au département et qu’il convenait de considérer le décret du 6 juin 1930 créant le territoire de l’Inini comme abrogé. Le gouvernement contourna cet avis en créant par la loi du 14 septembre 1951**  deux arrondissements au sein du département de la Guyane, celui de Cayenne et celui de l’Inini. Le territoire de l’Inini fut officiellement abrogé qu’en mars 1969 avec la création de l’arrondissement de Saint Laurent du Maroni. La réalité est que l’Etat français en Guyane est propriétaire de 90% du foncier et la propriété foncière privée peine à atteindre 9%.

 

Depuis de nombreuses années  et surtout depuis la parution du décret de 2007 créant le PAG de nombreux permis d’exploiter l’or ont été retiré à des opérateurs miniers artisans de Guyane et aucun nouveau permis n’a été délivré dans l’attente de l’élaboration du code minier de Guyane et de la Chartre du Parc.  Dans les médias, pour gagner l’opinion publique des affaires étaient même montées de toutes pièces comme celle de Jean BENA originaire de Maripasoula et opérateur minier dans la région. Dans le même temps pourtant des projets de grandes firmes internationales étaient examinés. Ainsi celui de la CBJ Caïman filiale de la société canadienne IAMGOLD de mine d’or industrielle  sur les flancs de la montagne de KAW - appartenant à l’aire des réserve naturelle nationale des marais  de Kaw-Roura et réserve naturelle régionale de Trésor - était étudié et ce n’est qu’après une forte mobilisation que le projet a été définitivement été abandonné en février 2008.

   

2008 c’est également l’année d’installation de la compagnie minière française REXMA au Guyana en collaboration avec la société canadienne Shoreham Resource Ltd  sur le mont Marudi au Guyana, permis finalement obtenu en 2009. L’APA (l’association des peuples amérindiens du Guyana) ont protesté contre ce permis donné sans leur consentement éclairé préalable et sans tenir compte de la réalité hydrographique du mont Marudi d’où naisse la majorité des cours d’eau de la région pour exemple les rivières Rewa et Kwitaro dans lesquelles pêchent le peuple Wapichan mais aussi dont dépendent pour l’eau potable  les autres peuples de la région du  nord et sud  Rupununi soit au total 4000 personnes impactés par les effets néfastes d’une exploitation industrielle sur la biodiversité. Le projet a finalement été retardé mais REXMA a fini par obtenir les autorisations.

 

 

Cette compagnie se définie comme suit sur son site internet «  Compagnie minière française spécialisée dans l’exploitation des placers aurifères en Amérique du Sud , nous avons intégré depuis les débuts de notre activité minière en 1998, les principes du développement durable dans notre démarche industrielle. Nous sommes convaincus que la recherche de l’efficacité économique est compatible avec le respect des hommes et de l’environnement ».   Le terme « développement durable » est brandi comme un étendard ;  derrière ce vocable le nouvel ordre mondial où les grandes puissances coloniales du XIXème siècle  maintiennent leur hégémonie à travers les organisations internationales, ONG et associations diverses. En échange de la pollution et de la destruction on propose une indemnisation aux pays pauvres et on leur impose leur choix de développement au nom du bien supérieur du monde.  Mais les grandes règles de ce monde libéral ne changent pas et  les échanges commerciaux sont toujours aussi inégaux. Les grandes puissances étant juges et parties, elles décident du droit et de ce qui est juste.

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C’est ainsi qu’en qualité d’état la France trouve juste de donner un droit d’exploiter l’or  à la société française REXMA au sein d’un Parc dans une zone sensée être protégée contre l’orpaillage cependant lorsqu’on lit la page 99 du projet de Charte réparti en objectif, sous objectif et mesures, les mesures : cœur Ci-2-1-1 Consolider le dispositif de surveillance de l’orpaillage illégal et renforcer les moyens d’action sur le territoire du Parc national  et  cœur Ci-2-1-2 Développer les collaborations avec les populations et leurs représentants dans le cadre de la surveillance et de la lutte contre l’orpaillage illégal ne concernent que l’orpaillage considéré comme illégal.  

A la page suivante concernant la restauration des écosystèmes dégradés voilà ce que l’on peut lire « En effet, il est aujourd’hui impensable, dans le contexte d’augmentation du cours de l’or, de consolidation sur les frontières des soutiens logistiques dédiés à l’orpaillage et de pression exercée sur les milieux naturels du Parc national, de consacrer des moyens humains et financier à des restaurations qui pourraient être réduites à néant par des reprises d’exploitation. Il convient toutefois de jeter les bases de ces futures restaurations, afin de pouvoir dès que possible les engager (certainement dans le cadre d’une seconde charte) » Voilà ce qui est important à noter la Charte n’engagera que ceux qui  le voudront  bien et certainement pas l’Etat français qui pourra comme pour les lois et règlements l’amender selon ses besoins et une seconde Charte est déjà programmée.

La réelle problématique est que face à l’Etat colonial français il n’y a actuellement aucune véritable opposition et nos élus de compromission en compromission n’ont jamais joué le rôle qui auraient du être le leur de protéger à minima nos intérêts et ceux de nos enfants de Guyane. Il faut que désormais nous comptions sur nos propres forces et arrêtions de délégué à des élus complices de l’état français, notre avenir.

Konté anlè kanari ou bèlmèr ou dronmi san soupé, a sa ka rivé  nou ké sa Park-a ké so chart’.

 

*extrait du livre Provinces, départements, régions : l’organisation administrtative de la France, jean Louis MASSON, 1984 p.559

** Loi n° 51-1098 du 14 septembre 1951, portant organisation du département de la Guyane française , JORF du 18 septembre 1951, p 9629 

 

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