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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 14:21

 

2010-12-15T132025Z_01_APAE6BE112300_RTROPTP_3_OFRTP-FRANCE-.jpgPlainte à Paris d'un ancien responsable des comités révolutionnaires libyens torturé par des français

Par Ismael

Après le livre de la journaliste française Catrine Graciet, paru récemment et intitulé "Sarkozy Kaddafi, histoire d'une trahison", un des témoins majeur dont parle l'ouvrage, Tahar Dehech, ancien responsable des comités révolutionnaires libyens, raconte comment il a été torturé par des Français au moment de l'agression de l'OTAN contre la Libye.

Alors que tout le monde pensait que cette affaire allait être oublié et la victime laissée pour compte, Tahar lui, ne compte pas en rester là et son avocat, Me Eric Moutet, a déposé jeudi une plainte à Paris pour obtenir l’ouverture d’une information judiciaire.

Les Français ont-ils participé à des actes de torture lors de l’attaque menée contre la Libye en 2011 ?

C’est à cette question à laquelle pourrait avoir à répondre la justice française si elle décidait de donner suite à la plainte déposée par Tahar Dehech, jeudi 28 novembre. Cet ex-responsable politique libyen affirme en effet avoir été torturé par des Français en 2011 à Tripoli après la chute du guide libyen, Mouammar Kaddafi. Selon les propos de Maitre Éric Moutet, son avocat, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée auprès du doyen des juges d’instruction de Paris pour obtenir l’ouverture d’une information judiciaire.

Tahar Dehech, ancien responsable des comités révolutionnaires, considérés comme les piliers de l’ancien gouvernement de la Jamahiriya mise en place par Mouammar Kaddafi, avait déjà porté ces accusations dans le livre Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison paru à l’automne. Il y raconte, entre autre, avoir été torturé « à l’électricité et à la matraque électrique ». « Ils me mettaient pieds nus dans une flaque d’eau et envoyaient le courant », confiait-il ajoutant : « Français et Qataris posaient les mêmes questions. Si ma réponse divergeait, c’était l’électricité ».

Un groupe nommé « Bernard Levi »

Selon la plainte, dont les journalistes de Mathaba se sont procurés une copie, Tahar Dehech a été arrêté le 21 septembre 2011 par un groupe armé nommé « Katibat Shahid Mohamed Madani ». Emmené dans un hôtel reconverti en prison en bord de mer et dans lequel il a été détenu pendant quarante jours, il affirme avoir été torturé par des Lybiens et des Qataris ajoutant également que des Français ont participé à ces séances à plusieurs reprises : deux hommes « entre 35 et 45 ans, habillés en civil » et une femme « toujours habillée en civil elle-aussi, les cheveux noirs, la peau blanche et mesurant environ 1,65m ». Enfin, d’après ce que Tahar Dahech, qui est aussi francophone, a entendu, ces Français appartiennent à un groupe baptisé « Bernard Levi ».

Toujours selon le récit de Tahar, les questions posées lors des séances d'interrogatoires portaient sur son travail, sur la famille Kaddafi mais également, selon la plainte, sur le « lieu de stockage des missiles, [les] caches d’armes chimiques, [les] étrangers auxquels le colonel Kaddafi avait remis de l’argent ». « Nu et cagoulé, il était suspendu à un axe par les bras et les jambes, et balancé la tête en bas pendant qu’il était frappé à coup de bâtons et soumis à des décharges électriques derrière les oreilles, sous les aisselles et sur les testicules », explique la plainte.

 

Et bien sur Sarkozy

Libéré le 27 octobre, Tahar Dahech a réussi à s'enfuir et se rendre en Tunisie, dont il est originaire, où il a été interrogé par la justice trois mois plus tard sur demande des nouvelles autorités libyennes, pour atteinte à la sécurité extérieure de l’État tunisien. Il avait alors déjà dénoncé ses tortionnaires français, son témoignage figurant dans des procès-verbaux, que sont avocat, Maitre Eric Moutet, a joint à la plainte, tout comme un certificat médical établi à Sousse et qui fait état de « cicatrices de plaies cutanées multiples au niveau du dos et des faces antérieures des deux jambes » et d’une « hernie inguinale gauche ayant coïncidé avec l’agression ».

La plainte déposée à Paris jeudi devrait faire l’objet de la saisie d’un juge d’instruction. Elle risque également de remettre sous les projecteurs une autre accusation portée par Tahar Dahech dans le livre. Il y assure qu'il existe des preuves d’un financement politique de l’ancien président Nicolas Sarkozy par la Jamahiriya. « Les preuves portent sur 57 millions d’euros versés en deux fois », détaille-t-il. Des juges français enquêtent actuellement sur les accusations de financement de la campagne présidentielle de 2007. Naturellement, l'ancien président de la république française, Nicolas Sarkozy, dément toutes les accusations qui le concernent.

 

About Ismail

Chercheur, reporter, journaliste d'investigation, Président de "l'Observatoire International de Recherche pour la Paix", Membre du Comité International des Juristes Pour la Défense des Libyens Opprimés et Exilés.

 

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